mardi 13 mai 2014

GENÈSE D'UNE TOILE (Le Guilvinec)

Comme promis, nous allons suivre pendant quelques semaines (ou mois) la naissance d'une toile. Cet article sera donc périodiquement mis à jour.





Première étape : poser la toile sur le chevalet. C'est loin d'être le plus compliqué ! Surprise : la toile n'est pas blanche. Je ne peins jamais sur du blanc. J'enduis systématiquement la toile avec du Gesso teinté à l'acrylique (le plus souvent bleu ou gris). Cette préparation me permet de partir d'une valeur de fond médiane et donc de mieux mesurer les valeurs claires et les valeurs foncées. Ensuite, les inévitables petits "manques" sont quasiment invisibles, alors que sur une toile blanche, ils sont criants.


Ensuite, je fais un croquis sommaire (ici, le port du Guilvinec) avec un majestueux goéland qui plane au premier plan. Le crayon blanc est de rigueur sur un fond bleu.



Puis, il est l'heure de passer les premiers lavis. Je commence toujours par le ciel (normal, pour un braconnier de la lumière !!!). Après un séchage de plusieurs jours ou semaines (tout dépend de la température ambiante et de l'humidité), le ciel sera repris et j'introduirai des nuances supplémentaires. Je tiens à noter que je travaille directement à l'huile (beaucoup de peintres font leurs lavis à l'acrylique pour gagner du temps de séchage et peignent ensuite à l'huile par dessus). Je suis sans doute à classer dans les rangs des puristes !


Après le ciel, passons à l'eau. Vu la taille de la toile (80 X 60), il faut travailler à la grosse brosse et commencer par placer les nuances de mêmes valeurs.


Voila, le premier lavis est terminé. On a encore du mal à imaginer la mer, mais ça viendra ! Patience !


Pendant que le ciel et la mer sèchent, rien n'empêche de s'attaquer au "solide" ! Dans ce paysage très structuré sur la partie gauche, je vais commencer par les valeurs extrêmes (le blanc et le noir ? Non ! Presque blanc et presque noir : je n'emploie jamais ces nuances à l'état pur). 


Ensuite, on peut ajouter quelques touches de couleur pour faire un peu plaisir aux yeux.



 Et sans rien lui ajouter, soudain, la mer commence à devenir la mer. C'est dû à l'effet de profondeur créé par la mise en place des volumes. 


Au passage, un petit coup d'oeil sur la palette.


Après une dizaine de jours de séchage, on quitte les huiles fines pour passer aux huiles extra-fines. La pigmentation est plus dense et les teintes plus profondes. On va retravailler en jouant sur les contrastes pour fermer un peu plus le tableau et concentrer l'oeil sur les éléments mis en évidence. La prochaine étape se jouera en haut à gauche où le fond devra jouer dans la discrétion pour donner du relief au premier plan. Le goéland ne sera mis en place qu'à la fin, lorsque le décor sera terminé.



Voila la phase que je préfère : l'arrivée de la lumière. Les étapes précédentes sont souvent frustrantes car le relief tarde à paraître. L'éclairage d'un paysage m'a toujours passionné. C'est le moment précis où le décor s'inscrit dans le temps : on lui donne une saison, une heure, un instant éphémère longuement mémorisé. Mais il reste encore du travail. Pourtant, il est urgent de ne pas se précipiter. Je vais devoir abstraire un peu le fond pour ne pas qu'il attire trop l'oeil. L'éclairage sera l'objet d'une approche chirurgicale : un peu plus, mais pas trop ! Et puis, il restera à intégrer notre fameux goéland...


A ce stade, le travail consiste à régler l'éclairage, les ombres, les reflets. Enfin, le goéland est mis en place.



Le tableau touche à sa fin. Maintenant, il faut le retirer du chevalet, le mettre en évidence pour que mon regard le croise régulièrement. Les derniers détails s'imposeront à mes yeux. La prochaine fois, le tableau sera terminé.



Et voila, c'est fini. L'exposition de la photo numérique est un peu différente des précédentes (difficile à plusieurs jours d'écart de retrouver la même luminosité). La vérité se situe entre les deux.







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