dimanche 11 mai 2014

LES EXPOSITIONS

Je vais sans doute décevoir un certain nombre de lecteurs : il ne s'agit pas encore d'annoncer de futures expositions. Je le répète, je n'ai repris le chemin de l'atelier que depuis quelques semaines. Aussi, il faudra sans doute plus de 18 mois avant d'envisager de présenter quelque chose de cohérent.

Non, à travers cet article, je voudrais répondre à une question qui m'a régulièrement été posée : "à quoi servent les expositions ?".




Saint Jean de Monts
Palais des Congrès
2000

Je dirais tout d'abord qu'il est indispensable de confronter sa création au regard critique d'un public. Évidemment, l'exercice n'est pas sans risques. Que les retours soient positifs ou négatifs, il ne faut céder ni à l'excès d'enthousiasme, ni au découragement. Mais, la plupart du temps les remarques du public confirment les intuitions du peintre. Fidéliser un public n'est pas simple. Les réactions du type "c'est toujours la même chose" ou au contraire "on ne le reconnaît plus, c'est complètement différent" traduisent bien la connivence qui peut se tisser ou se rompre entre l'artiste et son public. La complicité est certes indispensable, mais elle ne doit pas devenir tyrannique. Les expositions sont donc en premier lieu un excellent baromètre de l'évolution du peintre.



Saint Gilles Croix de Vie
avec Michel TESSIER et Joël DABIN
1997

Ensuite, les expositions collectives sont l'occasion de rencontrer d'autres artistes, ce qui est à la fois frustrant et enthousiasmant. Frustrant, car on préfère souvent la peinture des autres (c'est normal, leurs techniques étant différentes, elles paraissent inaccessibles). Enthousiasmant, car c'est précisément  l'occasion d'échanges sur ces différences d'approche. Pour autant, il ne faut jamais quitter une expo en se disant : "ça y est, je vais peindre comme Untel ou Untel !". Il est préférable de ne retenir que quelques détails à mettre au service de sa propre technique.



Saint Jean de Monts
Palais des Congrès
2000

Enfin, les expositions sont l'occasion de vendre sa peinture. Voila bien un débat intéressant : pourquoi vendre sa peinture ? Tout d'abord, il faut avoir conscience du fait que peindre revient cher, très cher. On peut certes pratiquer à l'économie : toiles à deux sous et tubes à quatre centimes... Mais, lorsqu'on veut un résultat intéressant, la bonne qualité des matériels devient indispensable. Alors, les prix montent très vite, la peinture, les toiles, les brosses, les produits chimiques... sans oublier l'encadrement. A un certain stade, il devient vital de vendre sa peinture pour pouvoir continuer à peindre. Ensuite, une peinture qui se vend est forcément une peinture qui plait : c'est donc la preuve d'une reconnaissance à laquelle chacun de nous aspire consciemment ou non. Il est pourtant cruel de se séparer d'une toile qui a requis des mois de gestation. C'est parfois celle que l'on considère comme "la plus belle". J'ai souvent éprouvé cette déchirure en voyant partir certaines de mes favorites. En fait, le temps m'a convaincu de la nécessité d'accepter une forme d'émancipation de ma peinture. Vendre cette toile aimée, c'est aussi la soustraire à ma vue, donc cesser de me dire "je ne ferai jamais mieux !". Garder sa peinture, s'en repaître, devient vite un frein à la création. Ne garder que le souvenir d'une huile ou d'une aquarelle, c'est le prétexte à se surpasser pour retrouver une filiation, un faux air, une similitude... N'est-ce pas là la racine du "style" d'un peintre ? J'ai tendance à le croire...



Saint Jean de Monts
Palais des Congrès
2000

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